Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 3 et 4 Juin /71

Monsieur A. Grünberg, Vienne

Je vous confirme, mon cher Monsieur, ma lettre du 2 Ct.

Monsieur Louis m’a dit vous avoir écrit d’arriver ici le plustot possible, avec un passeport vous rentrerez facilement à Paris, j’espère donc que, peut-être, vous vous croiserez déjà avec cette lettre.

Ayant appris à l’administration des Postes que les lettres partent directement, par Strasbourg, pour l’Allemagne, je cesse l’envoi des lettres par Bruxelles, pensant que vous les recevrez plus rapidement.

Tout est bien décidément terminé, reste maintenant à organiser un gouvernement qui nous apporte le calme et la reprise des affaires, nous allons voir nos hommes d’état à l’œuvre, et toutes les craintes ne sont pas dissipées à ce sujet. La chambre est composée d’éléments tellement divers que l’on a à redouter des tiraillements. Aujourd’hui la question de l’abrogation de la Loi de proscription est à l’ordre du jour et si elle passe elle nous amènera certainement le réveil des partis. Une République modérée est la seule forme de gouvernement qui puisse empêcher le retour des révolutions que les changements de dynasties ont provoquées depuis 80 ans, et Mr Thiers a un rôle qui peut le faire passer à la postérité s’il tient à sa parole, je suis du nombre de ceux qui le croient franc par exception.

Tous les objets en dépôt, dans quelques mains qu’ils se trouvent, sont en parfaite sureté, ne conservez aucune crainte à ce sujet.

Dans l’espoir de vous embrasser bientot, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments dévoués.

Louis Guillier