Paris 2 Juin /71
Monsieur A. Grünberg
Je vous confirme, mon cher Monsieur, ma lettre du 1er Ct.
Monsieur Louis est arrivé ce matin à St Denis, et il a pu rentrer sans difficulté, d’heure en heure les rentrées dans Paris se facilitent et l’on assure même que demain on pourra sortir pourvu que l’on ait des papiers bien en rêgle. Monsieur Louis nous est arrivé à 11 hres et demie tout fraichement débarqué, nous avons été heureux de le revoir. Vous devez être impatient de venir faire un tour ici, je vous engage à ne pas descendre à l’appartement pour l’habiter, votre chambre à coucher est entièrement nue et les carreauxde vitres ne sont pas encore remis. Et puis ces ruines, qui fument encore, rendent le séjour peu agréable. Je tiens à vous prévenir, mais vous ferez ce que bon vous semblera. Je crois, dureste, que toutes ces malheureuses considérations vous faciliteront la résiliation du bail.
Il s’opère en ce moment dans nos organisations un effet de réaction qui nous fatigue beaucoup, une espèce de prostration a succédé à l’agitation fébrile qui nous soutenait et une faiblesse générale s’est emparée de nous. Je pense que cela ne peut durer, mais nous avons besoin de respirer, un autre air, aussi, à votre arrivée, vous demanderai-je quelques jours de répit. Je désire emmener ma femme et mon enfant en Bourgogne.
Dans l’attente du plaisir de vous embrasser sous peu de jours, veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.