Paris 20 et 21 Mai /71
Monsieur A. Grünberg, Vienne
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre des 18 et 19 Ct.
Mr Jacques m’a dit en effet que la boite à betel avait été vendue à Mr Ricci, chose que j’ignorais.
Les objections différentes pièces en lapis taillé sont ici, si
vous jugez à propos que je vous envoie la liste détaillée quand même, veuillez
me le dire.
Ayant appris que plusieurs chevaux avaient été réquisitionnés dans le quartier de la Madeleine, Georges, Latis et la Victoria sont sortis de Paris hier par la porte de Vincennes, c’est un brâve commandant de la Garde-Nationale, que son service appelait à St Mandé, qui a bien voulu prendre place dans la voiture. Delà, cocher, cheval et voiture ont gagné St Denis pour se rendre dans une ferme de notre marchand de fourrages à Franconville.
Un assaut a été tenté, la nuit dernière, mais il n’a pas abouti. On en annonce un second pour la nuit prochaine, il n’est plus possible de reposer, rue Royale, et je m’applaudis de m’être réfugié rue Richelieu, mais nous passons nos journées rue Royale.
La Madeleine est fermée depuis Vendredi par ordre de la commune, ces Messieurs jouissent de leur reste.
Les Ponts-levi d’Auteuil, de Passy, de Neuilly et des Ternes sont en ruine, les bastions sont démantelés, mais derrière se trouvent des barricades qui sont de véritables forteresses. la lutte sera terrible mais je crois que les défections nombreuses chez les Fédérés rendront cette guerre des rues bien moins meurtrière.
Recevez, Monsieur, mes salutations bien empressées.
Deux mots ci derrière de Mme Guillier pour Madame Grünberg.
Auteuil et Passy sont criblés d’obus qui tombent jusque dans le champ de Mars, rien n’est triste comme ces longs convois de voitures de toutes espèces contenant les femmes, les enfants et les vieillards qui, pour la seconde fois, sont obligés de se réfugier au centre de Paris. Nous avons sauvé, deux fois déjà, votre appartement de l’occupation par ces réfugiés.—