(Au dos de la lettre des 20 et 21 Mai 1871)
Chère Madame,
Vous êtes toute excusée de votre silence ; vos quelques lignes reçues hier m’ont été bien douces, car à cette heure j’ai le cœur brisé de tout ce que je vois !
Non, rien ne s’est produit de semblable ; par moments, saisie de crainte, je veux enfin partir de cette ville maudite, puis espérant que le terme des angoisses approche, je reste !
Mon mari a eu de grands tiraillements avec Alexandre, et même lui a adressé de sérieuses remontrances, car décidément, c’est un homme de mauvaise foi et qui s’est très mal conduit dans la surveillance qu’il aurait bien fait de ne pas exercer autant à Croissy ; lorsque mon mari a fait un inventaire des objets et ustensils de jardinage, il est allé dans la chambre d’Adre pour qu’il soit remis mobilier que vous lui aviez prêté et à cette occasion, soyez assez bonne, Madame, pour nous envoyer une petite note, et nous dire si vous avez prêté aussi des draps ? Louise n’a pu me renseigner ; elle part demain pour Montreuil s/ mer où elle s’est placée.
Les personnes qui ont loué à Croissy ont un jardinier.
Trouviez-vous, chère Madame, que ma proposition de faire enlever vos objets d’art et les portes rue richelieu était raisonnable ? Vous comprenez notre indécision à cet égard, et notre désir aussi de bien faire dans de telles circonstances.
Gaston envoie mille baisers aux enfants et je me joins à lui pour vous embrasser bien tendrement ; je serre affectueusement la main à Monsieur Grünberg.