Paris 6 et 7 Mai /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre des 4 et 5 Ct.
En calculant 6 jours le laps de temps le plus long dans lequel vos lettres peuvent m’arriver, j’espère recevoir demain une réponse à mes lettres des derniers jours d’Avril. Je vous signale surtout mes lettres des 1er 2 et 3 Ct auxquelles je désirerais bien que vous me répondissiez. J’ai appris, ce matin, que Monsieur Louis était de retour à Bruxelles, il y trouvera sans-doute mes 3 dernières lettres.
Les Elections municipales, en province, sont, à part quelques rares exceptions en faveur de la commune, toutes dans le sens de la République modérée, seule forme de gouvernement qui peut, aujourd’hui, nous sortir de l’anarchie, et assurer pour l’avenir de véritables économies qui finiront par niveler le Cte effrayant de la dette flottante et surtout mettre fin à toutes ces guerres de partis qui s’envient la monarchie. Je crois que la lutte, sans précédent, du moment doit nous amener forcément un gouvernement républicain stable, Mr Thiers sera, je l’espère, pour nous ce que Washington a été pour les Etats-Unis dans les dernières années du siècle dernier. Ce serait un beau rôle a jouer pour lui et sa mémoire aurait de véritables droits à l’immortalité.
Nous avons assisté, hier, de 9 hres à 11 hres du soir à un concert national donné dans la salle des Maréchaux, aux Tuileries, au profit des familles dont les chefs viennent d’être moisonnés par la guerre civile. C’était quelque chose d’impossible, je vous assure.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.
On dit que les Versaillais sont maîtres de Neuilly et que l’occupation du Moulin-Saquet va précipiter l’action du bombardement des Forts de Mont-Rouge et Bicêtre. On vote encore, aujourd’hui, en province pour compléter les élections municipales, quand nous sera-t-il donc donné d’en faire autant ?