Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 4 et 5 Mai /71

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre des 2 et 3 Ct.

Malgré les feux foudroyants qui tonnent presque sanscesse dans la partie sud, sud ouest et sud est de Paris, les résultats de tous ces combats sont lents. On signale une flotille de Chaloupes canonnières qui remontent la Seine et doivent servir à appuyer les mouvements de l’armée au moment de l’assaut de l’enceinte qui paraît devoir s’effectuer au point du jour, vû le concours actif qui peut prêter le Mont-Valérien dans cette opération. Paris continue à se vider de ses habitants qui émigrent, en grande partie, dans toutes les localités avoisinantes où se trouvent toujours les Prussiens. Ma belle-Mère part Lundi 8 Ct pour Enghien où elle est allée aujourd’hui louer deux chambres, seulement Enghien est tellement plein qu’elle n’a pu trouver à se loger qu’à St Gratien. Quant à nous, nous ne nous pressons pas, nous espérons toujours que nous pourrons nous dispenser de sortir de Paris, en nous repliant aux derniers moments rue Richelieu, chez Monsieur Louis, où se trouvent déjà bon nombre de paquets et malles. Tout en voulant sauver Latis qui depuis 3 semaines déjà n’est plus rue Royale, je redoute d’éprouver des difficultés en le fesant sortir de Paris et de l’exposer à une réquisition brutale de la Commune. La situation est si perplexe que l’on ne sait comment faire tout en voulant bien faire. Tous les projets de conciliation échouent et la guerre des rues devient imminente, triste perspective qui chasse tout le monde.

Veuillez, Monsieur, présenter nos respects à Madame Grünberg, et agréez, je vous prie, l’expression de mes sentiments dévoués.

Louis Guillier

P.S. La Bourse a repris un peu d’animation, le 3% a regagné 2.t depuis le 25 Avril, il est à fs 53.—

J’ai rencontré hier, rue des Petites Ecuries, Mr Sonnemberg, qui a du partir pour Vienne dans la soirée.—