Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 2 et 3 Mai /71

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, mes trois dernières lettres renfermant, toutes les trois, diverses Notes.

J’ai vu ce matin Mr Jacques qui n’a, en confié, que les émeuraudes de la grande Broche, il a rendu la boite à betel qui doit figurer parmis les objets confiés à Mr Blumenthal. J’ai retrouvé l’Inventaire 1869, mais les objets montés seulement y figurent, la Marchandise sur papier n’y est pas inscrite. Si vous désirez, quand même, la copie de cet Inventaire incomplet, veuillez m’en aviser, je vous l’expédierai desuite.

Les combats sous Paris continuent toujours avec la même furie, la lenteur des résultats obtenus par les Versaillais n’est due, à mon avis, qu’à une question d’humanité, on veut lasser les fédérés et restreindre ainsi le nombre des victimes. J’arrive des hauteurs du Trocadéro d’où l’on découvre parfaitement, par la fumée des coups tirés, les batteries qui ont été ajoutées à celles que les Prussiens avaient établies et qui sont aussi utilisées. Ces feux foudroyants sont dirigés sur les Forts de Mont-rouge, de Vanves et d’Issy, ces deux derniers répondent peu, ils sont à peu près démantelés. Quant aux localités de Neuilly et Levallois elles sont abimées par le Mont-Valérien et les batteries des remparts, il y a là une action presque incessante depuis les hauteurs de Courbevoie jusqu’à Asnières. Il y a un fait avéré, c’est que chaque jour, il y a un grand nombre de tués, blessés et faits prisonniers parmis les fédérés.

A part à Paris, les élections municipales ont eu lieu, le 30 avril, dans toutes les communes et villes de France, on n’en connaît pas encore le résultat.

Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier

Au moment où je termine ma lettre, les promeneurs des Champs Elysées se replient sur la place de la Concorde, une détonation très forte vient de faire trembler les vitres de la maison, un obus de forte dimension vient de tomber dans l’avenue en face du Palais de l’Industrie, c’est bien la preuve que les Versaillais gagnent du terrain, mais ce n’est guère rassurant pour nos quartiers, enfin ! à la grâce de Dieu !

Je reçois à l’instant une lettre de Monsieur Louis qui se croise avec une, que je lui adresse, partie de matin.—