Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 29 et 30 Avril /71

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre des 27 et 28 Ct.

N’ayant pas encore pu mettre la main sur la feuille d’Inventaire 1869, j’ai pris le parti de relever les prix coûtants des Marchandises montées et sur papier dont je vous ai remis la Note à votre dernier passage et qui ont été expédiées au Hâvre aux derniers jours avant l’investissement de Paris et de là probablement à Londres. Comme dans la précipitation de cette expédition il y avait eu une omission de faite de l’indication du poids de la marchandise sur papier, j’ai fait, à chaque partie touchée, la défalcation du poids des pierres qui avaient été employées dans différents objets, et comme vous aviez fait la révision de la Marchandise au moment de votre départ pour l’Egypte, je suis à peu près certain de l’exactitude des poids indiqués.

La Note des objets vendus dans le cours de l’année 1870 ne pouvant vous être utile qu’autant que vous aurez sous les yeux l’Inventaire 1869, je la joindrai à cette seconde copie dès que je la trouverai. Je pourrai aussi y joindre la note des objets invendus à New-York, quant à celle des objets du Cte Warrant et à la lettre de Mr Blumenthal je les ai vainement cherchés, veuillez vous assurer que vous ne les avez pas emportées, à moins qu’elles se trouvent dans le tiroir de droite de votre Bureau qui se trouve être le seul fermé à clé, la seule clé que je n’aie pas.

Je ne vois en objets confiés qui n’ont pas été rendus que ceux confiés à Messrs Maurice et Jacques Schwabacher dont je vous remets inclus la Note. Soit dit en passant, j’ai entendu dire que Mr Maurice fesait de très bonne affaires à Londres.

Dans le Cte de Mr Jacques Schwabacher j’ai mis de faire figurer à son débit le non paiement de ses deux effets à l’échéance du 20 Janvier 1871 montant ensemble à fs 14,500. Le Cte dureste est pr l’année 1870.

Les combats continuent à être de plus en plus acharnés autour de Paris, malgré la démarche pacifique de la Franc-maconerie qui s’est rendue, hier samedi, au nombre d’environ 10,000 hommes aux avants-postes. Soixante et quelques banières ont été plantées sur les remparts et malgré ces signes de conciliation, un armistice même de quelques heures n’a pas été obtenu. La lutte a repris avec une plus grande intensité encore, et au moment où je vous trace ces lignes le combat paraît très acharné, car la canonnade et la fusillade sont incessantes. L’Attaque générale est dit-on très prochaine, en attendant on se morfond d’inquiétudes et les convois de victimes ne décessent de passer sous nos fenêtres.

J’espère être favorisé bientôt de vos nouvelles. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments dévoués.

Louis Guillier