Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 23 et 24 Avril /71

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre des 21 et 22 Ct.

Depuis l’avis de cette facheuse nouvelle dont nous ne pouvons malheureusement pas douter, vû la voie par laquelle nous l’avons apprise, et qu’une lettre reçue hier, de Mr Hirsch à Mr Samson est venu confirmer, vous êtes le sujet constant de nos conversations. Nous nous transportons, par la pensée, au milieu de votre famille si navrée, pour laquelle les sympatiques regrets de tous ceux qui ont connu cette excellente nature de femme si exceptionellement dorée, ne peut être une consolation. Croyez bien, mon cher Monsieur, que nous partageons bien vivement votre douleur, Clara en est malade.

Une Baricade énorme se monte décidément à l’entrée de la rue, je prends le parti de faire transporter le linge et les objets les plus précieux chez Monsieur Louis où ma femme et mon fils se replieront aux derniers moments. Je prends des précautions de prudence, car je vous assure que je doute que l’armée de Versailles entre par les Champs Elysées. Je faits mûrer la cave aux vins fins, laissant celle aux vins ordinaires à la grâce de Dieu.

On parle d’un armistice de 12 heures pour demain, afin de permettre aux malheureux habitants de Neuilly de rentrer dans Paris, combien ne rentreront pas ? les détails de ce désastre sont horribles. C’est surtout là où depuis 3 semaines les combats n’ont cessé ni jour ni nuit, toutes exagérations mises de côté, il y a beaucoup de ruines.

J’espère être très prochainement favorisé de vos nouvelles.

Veuillez, Monsieur, présenter nos respects à Madame Grünberg et agréez, je vous prie, l’expression de mes sentiments dévoués.

Louis Guillier