Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 17 et 18 Avril /71

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre des 15 et 16 Ct.

Toujours beaucoup de poudre brulée sans résultats bien marqués. Il paraît cependant que le combat d’Asnières n’a pas été favorable aux fédérés qui auraient perdu 700 hommes. Les combats d’Artillerie sont presque constants, puis, par moment le bruit de la fusillade et des Mitrailleuses prouve que l’action s’engage plus sérieusement. Cela dure une heure, une heure et demie, deux heures, puis le canon seul tonne de nouveau. Il est deux heures de l’après midi, les bombes tombent dans les environs de l’arc de triomphe de l’Etoile, les boites à mitraille éclatent sur l’enceinte, il y a un branle-bas de combat très accentué. Une fumée très épaisse s’élève dans la direction de Neuilly, c’est une maison qui brule, c’est dumoins ce que nous dit, en passant, un estafette qui descend au triple galop l’avenue des Champs Elysées, se rendant à la Place Vendôme. Les curieux ne s’aventurent guère maintenant que au pied de l’obélisque et à l’entrée de l’avenue. La barricade que l’on avait commencée à l’entrée de la rue Royale, au coin du Ministère de la Marine, n’a pas été achevée, tout a été remis en place à notre grande satisfaction. Depuis ce matin, on en construit une à l’entrée de la rue de Rivoli de même qu coin du Ministère de la Marine, elle est appuyée d’un grand fossé qui me paraît destiné à recevoir des torpilles, cet excès de précaution laisserait supposer que les fédérés craignent l’entrée prochaine des Versaillais. Au premier indice de dispositions semblables dans la rue Royale, je faits filer ma femme et mon fils dans l’appartement de Monsieur Louis. On s’attend d’un moment à l’autre à une action décisive, la perspective en est assez inquiétante.

Veuillez présenter nos respects à Madame Grünberg et agréez, Monsieur, l’expression de mes sentiments dévoués.

Louis Guillier

On désarme, depuis hier, les émigrés et les personnes qui ne se trouvent pas sous le coup de la Loi de l’appel de 19 à 40 ans.

Les journaux, ce soir, confirment que plusieurs bataillons fédérés ont énormément souffert d’un engagement de cette nuit qui aurait été repris aujourd’hui sans aucun succès de leur côté. Un découragement sérieux se montrerait dans quelques bataillons de Mont-martre et des Batignolles.