Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 15 et 16 Avril /71

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 14 Ct.

je ne vous ai pas écrit hier, les journaux du soir ne nous ayant rien appris sur les divers combats qui se sont livrés sous Paris et qui se sont prolongés une grande partie de la nuit. Nous avons peu dormi, le vent nous apportant les bruits incessants de la canonnade et de la fusillade tellement rapprochés que nous avons cru un moment que l’armée de Versailles était entrée dans Paris. Les journaux du matin ne relatent rien de bien marquant dans les résultats obtenus d’une part ou de l’autre, mais le paysage des voitures d’ambulance prouve que l’action a été chaude.

Nous sommes menacés d’un nouveau blocus, il commencerait aujourd’hui Dimanche à midi, avec le concours probablement des Prussiens, Paris se trouverait de nouveau investi, ceci dépasse toute imagination, et nous ne voulons pas y croire. En attendant, l’alimentation de Paris se fesant beaucoup moins rapidement, les objets de consommation augmentent chaque jour, et la panique aidant tout monte à prix d’or. Une foule de magasins qui ne s’étaient pas fermés pendant le siège sont clos, les départs augmentent dans une proportion effrayante. Privés des nouvelles de Versailles nous en sommes réduits aux bulletins de la commune qui n’annoncent que des avantages constants remportés sur les Versaillais. Aujourd’hui ont lieu les élections de 22 membres de la commune en remplacement des démissionnaires. On dit que la délégation n’a pu s’entendre avec Mr Thiers pour arriver à un armistice.

Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier

Monsieur Louis a bien fait de partir en temps utile, aujourd’hui tous les hommes de 19 à 40 ans ne peuvent sortir de Paris.

Le canon tonne toujours avec une grande intensité, mais il est impossible de savoir positivement ce qui se passe.—