Paris 14 Avril /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 13 Ct.
Les opérations militaires d’hier ont eu décidément pour résultat de repousser les Versaillais au dela du pont de Neuilly, et le bruit des combats d’avant-postes n’arrive plus jusqu’à nous, c’est un moment de répit pour nos oreilles et un peu de repos pour nos émotions, mais cela ne peut durer. On parle du départ pour Versailles de délégués de la Commune qui auraient demandé et obtenu une audience de Mr Thiers, mais rien ne transpire encore sur les décisions qui ont pu en sortir. En attendant, l’hôtel de la place St Georges du Président de la commission exécutive a été envahi aujourd’hui et on procède dit-on au déménagement d’un mobilier estimé fs 2,000,000. Les arrestations de prêtres se poursuivent sans relâche. Tout se désorganise un peu plus, chaque jour, et l’on voit moins clair que jamais dans la situation. Où allons-nous ? Que deviendrons-nous ? Voila les tristes préocupations du moment qui nous laissent peu de repos le jour et troublent notre sommeil la nuit. Les plus mauvais jours du siège n’étaient rien auprès de nos épreuves actuelles. Nous attendons avec impatience de vos nouvelles qui ne peuvent tarder de nous arriver par la voie dont je vous parlais hier.
Recevez, Monsieur, mes salutations bien empressées.
P.S. J’ai fait prendre aujourd’hui le Portrait parfaitement emballé pour Mme Ismalun chez le Doreur, mais l’expédition s’en fera plustard.—