Paris 13 Avril /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 12 Ct.
Les combats se continuent incessants dans les régions Sud-Est et Sud-Ouest de Paris. On se prend et reprend les diverses positions qui se trouvent audelà des Forts. Une batterie placée par les fédérés sur le plateau du Trocadéro a commencé à tirer cette nuit sur le Mont-Valérien, c’était sans-doute pour appuyer un mouvement qui s’est opéré à Neuilly et qui aurait été, dit-on, défavorable aux Versaillais qui seraient reculés jusqu’au pont de Neuilly, sur l’autre rive, car on assure que le pont a sauté cette nuit. Nous avons cru un moment que l’on se battait aux Champs Elysées car la détonation de l’artillerie du trocadero fesait trembler nos vitres.
Vous allez certainement recevoir régulièrement mes lettres qui partent chaque matin pour St Denis avec le courrier de Mr Kunst, j’espère, Monsieur, être bientot favorisé de vos nouvelles, car vous userez de réciprocité en envoyant vos lettres à Bruxelles.
Je crainds bien que tout cela se termine par l’occupation de Paris par les Prussiens, honte éternelle à ceux qui nous auront condamnés à cette cruelle épreuve.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.