Paris 12 Avril /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 11 Ct.
Tout Paris s’est ému hier soir d’une action très vive qui s’est produite de 8 hres ½ du soir à 10 heures entre les forts de Montrouge, Vanves et Issy et les hauteurs de Chatillon et Clamart, l’horizon était en feu et le bruit formidable de l’artillerie et de la mousquetterie indiquait assez que l’on se battait avec acharnement. Les Troupes de Versailles auraient tenté l’assaut d’un des Forts, mais ils auraient été repoussés avec des pertes sensibles. Nous n’avons rien entendu, pendant le siège, d’aussi épouvantable que cette lutte, on entendait très distinctement l’éclat des mitrailleuses. On dit que l’armée de Versailles a été très éprouvée.
Le nouveau Commandant de l’armée des fédérés est un nommé Ladislas Dambrouski qui a joué un rôle très important dans la dernière insurrection polonaise.
A quand la fin de cette guerre fratricide ? Nous l’appelons de tous nos vœux, car elle prend des proportions effrayantes, et la Seine coulera rouge le jour ou la guerre des rues commencera !
Veuillez, Monsieur, présenter nos respects à Madame Grünberg, et agréez mes salutations bien empressées.
