Paris 10 Avril /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 9 Ct.
Les avants poste de l’armée de Versailles se trouvent avancés, dit-on, presque jusqu’au rond point de la Porte Maillot, le bois de Boulogne et Levallois-Perret sont occupés par des régiments de ligne, et tous les fédérés sont rentrés dans l’enceinte. La lutte a été encore très vive aujourd’hui, mais ce n’est qu’un combat d’artillerie. Le Mont-Valérien continue à inquiéter les remparts par ses obus qui sont d’une plus grande dimension que ceux qui avaient été lancés sur Neuilly, c’est l’avenue de la grande armée située entre le rempart et la Barrière de l’Etoile qui souffre maintenant de la lutte. L’arc de triomphe a déjà été atteint, mais les dégats sont de peu d’importance. Dans la crainte de réquisition, Latis n’est plus rue Royale aujourd’hui.
Mr Louis est à Bruxelles, je lui ai expédié, cet après midi, une malée de linge et de vêtements qui part comme bagage pour une personne arrivée hier de Bruxelles. Je lui ai écrit par la même occasion.
Il me tarde de vous donner la nouvelle de la fin de cette guerre fratricide, il n’y a pas de jour où les boulevards ne soient témoins du paysage de longs convois de victimes, c’est navrant !
On dit que les lettres ne sont pas expédiées de Paris, nous sommes toujours sans nouvelles de province et de l’étranger.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.