Paris 9 Avril /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 8 Ct.
La situation devient de plus en plus tendue. En prévision de l’entrée de l’armée de Versailles dans Paris, les fédérés établissent des barricades un peu partout. On travaille dans ce moment à deux barricades dans notre quartier, l’une à l’entrée de la rue de Rivoli et l’autre à l’entrée de la rue Royale du côté de la place de la Concorde. Nos inquiétudes redoublent, car nous redoutons l’occupation des maisons de cette rue. Que faire ? Que résoudre ? C’est à en perdre la tête. Sans égards pour la fête de Pâques les hostilités ont continué aujourd’hui à Neuilly, les bruits de la cannonade et la fumée qui s’élève à l’horizon prouvent que l’action a été chaude. Il ne transpire rien, ce soir, sur les résultats de la journée, dureste à part trois ou quatre journaux, tous les autres sont suspendus, telle est la manière dont la Commune entend pratiquer la liberté de la Presse.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.