Paris 7 Avril /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 6 Ct.
Les journaux de la Commune paraissent seuls depuis deux jours, il est impossible de savoir exactement quels sont les résultats de la lutte engagée. Les combats d’Artillerie n’en continuent pas moins entre les forts de Montrouge, Vanves et Issy et les hauteurs de Bagneux, Chatillon, Clamart et Meudon. L’action principale du moment se passe entre Courbevoie, Neuilly et l’enceinte de la Porte Maillot. Le Mont-Valérien est de la partie et rien n’est triste comme cette malheureuse Avenue de Neuilly où se croisent sans discontinuer les obus et les boulets. L’opinion générale est que l’armée de Versailles gagne chaque jour du terrain. Nous sommes toujours dans les plus vives angoisses sur le sort des habitants de Neuilly et en particulier sur celui de ma belle-mère. Impossible d’arriver jusqu’à elle en ce moment.
Je vous écris toujours chaque jour mais j’ignore si mes lettres vous parviennent, quant à nous, nous sommes, comme pendant le siège, complètement privés de nouvelles de province.
Veuillez, Monsieur, présenter nos respects à Madame Grünberg et agréez, je vous prie, l’expression de mes sentiments dévoués.
P.S. Paris se vide un peu tous les jours, on elleve le nombre des personnes qui ont émigré au chiffre de 25,000.—