Paris 6 Avril /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 5 Ct.
Il y a eu, aujourd’hui, outre le combat d’Artillerie qui se livre presque sans répit, entre les forts d’Issy et de Vanves et même de Montrouge, et les hauteurs de Meudon, Clamart, Chatillon et Bagneux, une lutte assez vive à Courbevoie et Neuilly. L’armée de Versailles se serait emparée de Courbevoie et les fédérés auraient été repoussés jusqu’au pont de Neuilly. Huit pièces volantes ont été disposées à la porte Maillot et envoient des boulets sur le Plateau de Courbevoie. Quelques obus lancés dans l’avenue de Neuilly par le Mont-Valérien sont venus éclater jusque dans l’avenue de la Grande Armée dans Paris proche de l’enceinte. De la Barrière de l’Etoile nous avons vu le feu des différentes batteries qui se trouvent sur la demi lune de Courbevoie, et plusieurs bombes éclater sur l’Avenue de Neuilly. Vous jugerez de nos inquiétudes quand vous saurez que depuis Dimanche dernier 2 Ct, il nous est impossible de nous rendre à Neuilly pour avoir des nouvelles de ma belle-mère qui se trouve sur un point ou plusieurs maisons ont reçu des obus. Nos angoisses ont dépassé celles du siège.
Je suis toujours sans lettre de vous. Mr Verrier qui avait quitté Monsieur Louis en Septembre est rentré à Paris deux jours après son départ. Il quitte de nouveau Paris avec sa mère et il est venu me demander fs 150 contre un reçu au Cte de Monsieur Louis, veuillez le lui dire s’il est auprès de vous.
Recevez, Monsieur, mes salutations bien empressées.
Une seule chose pourrait arrêter cette guerre fratricide, Mr Thiers et les Ministres de Versailles devraient dissoudre l’Assemblée Nationale, ce serait un coup d’état il est vrai, mais aux grands maux les grands remèdes.—
Veuillez dire à Monsieur Louis que vu les circonstances et d’après son désir ses valeurs sont en lieu sur.—