Paris 28 Mars /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 27 Ct.
Nous sommes allées aujourd’hui à Croissy, Mme Eymond m’avait fait dire, ce matin, qu’elle s’y rendrait. Nous avons trouvé la maison vide mais ayant été occupée, du 1er au 9 Ct inclus, par les Prussiens qui depuis ce jour ont évacué Chatou et Croissy. La maison se ressent bien de ce séjour, tout y a été dérangé, elle se trouve dans un état de malpropreté ignoble, les porcelaines et cristaux ont été montés dans toutes les chambres, et il y a beaucoup de casse, les cheminées sont calcinées par les feux énormes qui y ont été faits. Alexandre prétend n’avoir pu empêcher l’envahissement, et comme je lui reprochais amèrement de ne pas m’avoir averti de cette occupation, il m’a répondu avec son flegme habituel qu’il croyait toujours que l’on allait venir et qu’il ne croyait pas utile d’écrire pour si peu de chose. Mme Eymond a fait commencer un nettoyage qui va se poursuivre demain et après demain, elle fera faire de suite les réparations urgentes, et j’espère bien que le 15 Avril la propriété sera lavée car il y a beaucoup de demandes. Je tâcherai naturellement d’obtenir le prix que vous payez. Mme Eymond crie misère et désirerait bien que le terme d’Octobre dernier et celui d’Avril prochain lui fussent payés. Alexandre est averti, mais veuillez me donner des instructions pour le compte à régler avec lui, vous m’avez laissé deux notes de lui et un reçu de fs 100, je lui ai remis en deux fois fs 150. Maitenant que lui donniez vous comme gage par mois, il y aura au moins 4 mois de siège à déduire.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.
Veuillez me dire si j’ai une démarche à faire auprès de Mr Orsel pour louer l’entresol.
P.S. Inclus une lettre de ma femme pour Madame Grünberg.—
Le Comité Central n’a pas encore fait connaître le résultat définitif des élections. La séance de l’Assemblée Nationale de Versailles d’hier a été très intéressante, Mr Thiers y a fait un discours très carré en faveur de ses intentions républicaines, la droite comme toujours s’est montrée intolérante, nous sommes toujours sur un volcan.—