Paris 24 Mars /71
Monsieur A. Grünberg, Bruxelles
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre des 19, 20, 21, 22 et 23 Ct.
D’après un avis reçu de Monsieur Louis, je continuerai à vous écrire chaque jour en adressant mes lettres sous le couvert de Mr Hirchs. La seconde recommandation pour l’Entresol de la maison sera satisfait demain. Nous marchons à grands pas à une désorganisation sociale complète, il se passe des choses inouies, et il est difficile de prévoir de quelle manière nous sortirons du bourbier dans lequel nous sommes tombés. Si Versailles ne nous envoie pas plus de secours que la province ne nous en a envoyé pendant le siège, nous ne voyons pas de quelle manière nous pouvons sortir de cette position anormale. C’est du moins l’impression du moment qu’un rien peut modifier. Le voisinage des Prussiens ne laisse pas que de devenir très inquiétant, des avis menaçants ont été envoyés au Gouvernement de Versailles, que va décider l’Assemblée Nationale ? Il semblerait que ces Messieurs seraient disposés à sacrifier Paris, et s’inquiéteraient peu de la désorganisation dans laquelle nous a laissé le départ du Gouvernement de la Capitale. En attendant nos maître du moment se fortifient dans toutes les positions qu’ils occupent, et depuis hier les barricades se montent pour isoler la place Vendôme. Les élections communales ont été remises au 26 Ct, et les élections municipales auront lieu dit-on le 3 Avril. Paris offre l’aspect d’une Tour de Babel.
Mr Blumenthal est venu toucher ses coupons.
Inclus une lettre arrivée ce matin.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.