Paris 23 Mars /71
Monsieur A. Grünberg, Bruxelles
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 22 Ct.
Comme rectification au récit des événements qui se sont passés Place Vendôme, je vous dirai que ce n’est pas Mr Halphen de la rue de Provence mais Mr Rodolphe Hottinguer, administrateur de la Banque, qui dans l’échaufourée a été frappé d’une balle qui a percé le bas du poumon et traversé le bras gauche, il n’est que blessé grièvement. Raphaël Felix et Georges Cadoudal ne se trouvent pas au nombre des victimes. Henri de Pène a une blessure qui offre par de gravité. Parmis les tués figure Mr Miet caissier rue Nve Bossuet parfaitement connu de Monsieur Louis. Les renseignements sont encore bien vagues sur le nombre des tués et des blessés.
La nuit a été calme, mais aujourd’hui à 3 heures il y a eu plusieurs alertes, on disait, comme hier, que les bataillons de Montmartre descendaient, il est 5 hres ½ et rien encore n’est venu confirmer ce bruit. La Bourse a été ouverte un moment, mais les paniques ont motivé sa fermeture presque immédiate. L’Amiral Saisset a établi son quartier général place de la Bourse, il vient de faire armer 250 jeunes gens ayant appartenu à la mobile du 2me arrondissement.
On ne sait rien de bien positif sur les projets du Gouvernement et de l’assemblée Nationale, on croit cependant que l’armée marche sur Paris. Les émotions du siège ne sont rien après de celles qui nous bouleversent en ce moment.
Recevez, Monsieur, mes salutations empressées.
Les élections communales sont remises à Dimanche, elles ne nous intéressent guère.
Les élections municipales ne sont pas encore fixées par l’assemblée Nationale, mais elles sont décidées en principe.
Nous sommes dans une attente mortelle sur ce qui va se passer.—