Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 1er, 2, 3, 4 et 5 Janv. 1871

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 31 décembre.

Que vous dirai-je de ces cinq premiers jours de l’année, ils ne ressemblent en rien au commencement des années habituelles. Visites et cartes ne sont plus de mode pour la raison toute simple que les motifs que provoquent visites et cartes n’existent pas. L’aspect du boulevard est des plus tristes, et si ce n’était quinze malheureuses boutiques environ qui se trouvent en plein vent à partir de la place du nouvel Opéra jusqu’à la rue du Faubourg Mont-Martre, on ne se douterait pas qu’une nouvelle année vient de naître. Tout est absorbé par les présentations du moment qui, de jour en jour, prennent un caractère plus grave. Notez que la saison excessivement rigoureuse nous prive de recevoir des nouvelles de province, nos volatiles providentiels ne peuvent regagner leur pigeonnier, et que deslors nous sommes au calme plat, ne pouvant exécuter des expéditions projetées. Les inquiétudes redoublent sur l’avenir, mais le patriotisme soutient et l’espérance ne relève-t-elle pas l’homme jusque sur les marches de la tombe.

Votre pauvre Antonio s’en va, et je redoute la catastrophe qui ne peut être éloignée. Il baisse tous les jours, s’affaiblit de plus en plus, et quoique nous fassions du feu continuellement dans sa chambre, il est on ne peut plus sensible au froid qui règne constamment.

Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier

P.S. Gaston envoie ses compliments de bonne année à Monsieur et Madame Grünberg et regrette de [illisible]