Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 29, 30 et 31 xbre 1870

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 28 Ct.

Monsieur Louis vous adressant, deux fois par semaine, la Gazette des Absents, cette feuille vous relate mieux que je ne pourrais le faire les événements militaires qui se produisent. La rigueur de la saison contrarie beaucoup les expéditions projetées, mais l’entrain patriotique hausse d’autant plus que le thermomètre baisse. Nos administrateurs de Mairie ont bien à faire pour soulager les misères qui accroissent, chaque jour, dans des proportions énormes, mais la charité publique leur vient en aide, et le pain et les vêtements ne font pas défaut.

Deux Mobiles convalescents, l’un de fièvres intermittentes et l’autre, d’une fièvre tiphoïde viennent de nous être envoyés pour nos étrennes. L’administration pourvoie aux subsistances alimentaires qui se composent de 100 gr. de viande de cheval et 40 gr. de légumes secs par homme et par jour. Nous sommes chargés du reste des choses nécessaires à l’existence. Vous voyez qu’ils sont plus heureux que nous, car le rationnement ne nous accorde plus que 40 gr. de viande de cheval par tête.

A l’expiration de cette malheureuse année, permettez-nous, Monsieur, de vous exprimer tous nos sentiments de reconnaissance par le bienveillance que vous nous avez toujours témoignée, vous et Madame Grünberg, les vœux bien sincères que nous formons ne tendent qu’à recevoir de vos chères nouvelles, et nous nous nourissons de l’espoir d’avoir le plaisir de vous serrer la main dans le délai le plus prompt. Puisse ce moment fortuné n’être pas encore trop éloigné !…..

Veuillez faire agréer à Madame Grünberg nos compliments de renouvellement d’année et recevez, je vous prie, Monsieur, l’assurance de mes sentiments bien dévoués.

Louis Guillier