Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 13 Décembre /70

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 11 Ct et celle de ma femme du 12.

Je viens de descendre de garde et je puis vous assurer que tandisque tout Paris dort dans l’intérieur de la ville, on fait bonne garde aux remparts et l’on veille dans les forts. Notre secteur se trouvant en face du Mont-Valérien, de minuit à une heure j’étais de faction au Bastion 56, j’ai parfaitement distingué le bruit des trains circulant sur la ligne de fer de St Cloud à Versailles, et au même moment j’ai aperçu un rayon de lumière électrique dirigé du Mont-Valérien sur les hauteurs de St Cloud. Quelques secondes se sont écoulées, puis le canon a mugi et quinze obus ont été lancées dans cette direction. J’entendais très distinctement éclater les obus. A quatre heures du matin, il y a eu une affaire assez chaude aux avant-postes au bas de Meudon, elle a duré trois quart-d’heures, c’était un feu bien nourri de mousqueterie appuyé d’artillerie et de décharges de mitrailleuse, nous en ignorons les résultats. La température ayant tout-à-coup haussé de 5 ou 6 degrés, le dégel s’opère, et ce matin la neige a complètement disparu. Il serait bien a désirer qu’elle se maintint au dessus de zéro, car nos troupes ont eu bien à souffrir depuis huit jours, ce qui n’a pas peu contribué à ajourner les expéditions.

Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier