Paris 6 Décembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 5 Ct.
Le Cte de Moltke a eu l’attention d’aviser le Gal Trochu que la ville d’Orléans avait été reprise et que l’armée de la Loire était défaite, s’offrant de donner un sauf-conduit à l’officier qu’il lui plairait d’envoyer sur les lieux pour se convaincre de la véracité de ce fait. Le Gal Trochu a accusé réception de cette communication à Mr de Moltke ne croyant pas devoir faire vérifier ce fait par les moyens qu’il indique. Les troupes restées à Orléans ont pu subir un échec, mais il ne s’en suit pas que toute l’armée de la Loire, qui n’est pas loin de Paris, ait été complètement défaite. Cette nouvelle, dont l’intention était de nous abattre, ne fait que fortifier notre patriotisme, et demain, peut-être, nous prouverons à l’ennemi que nous ne nous laissons pas intimider par de pareilles communications. La nouvelle peut être exacte, mais les proportions qu’on lui donne sont certainement exagérées.
Le Commandant Franchette des Eclaireurs de la Seine, a succombé à une blessure reçue dans le dernier combat, les funérailles ouvrent lieu demain au Grand Hôtel transformé en ambulance. Notre Bataillon offre, ce soir, un punch aux Cies de Guerre qui partent demain, on devrait bien se borner à se serrer la main et à verser, pour les indigents, les fs 1,400, récoltés parmis nous, pour boire de mauvaises choses dans les salons splendidement éclairés des Frères Provençaux.
Nous attendons Monsieur Louis à diner. Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.