Paris 5 Décembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 4 Ct.
Après avoir vécu toute une semaine de viandes salées, nous voici revenus aux viandes fraiches, nous sommes traités en commensaux de Lucullus, car ce matin nous avons eu notre ration en vrai bœuf, aussi nous sommes nous empressés d’engager Monsieur Louis à venir partager notre frugal diner de demain.
On a fait un appel au patriotisme des habitants pour recevoir à domicile des blessés ou des convalescents afin que les ambulances ne soient réservées qu’aux blessures les plus grâves qui depuis 3 jours y abondent. Je suis bien convaincu avoir dévancé votre empressement en vous fesant inscrire pour deux blessés. Nous avons organisé deux lits dans le petit salon d’entrée qui a sa porte sur le grand escalier afin que le service soit plus facile, l’Administration pourvoira aux rations de viandes et aux médicaments, le feu, la lumière, le pain et le vin sont à la charge de l’hospitalier.
Ma femme est heureuse de diriger cette petite ambulance, et vous remettra un régistre en règle qui ne sera pas un des documents les moins intéressants de la guerre de 1870.
L’Etat de santé d’Antonio s’est un peu amélioré, mais je redoute pour lui les froids rigoureux, il est atteint d’une affection pulmonaire chronique qui, depuis que je le connais, n’avait pas encore eu une durée aussi longue, j’espère que le mal cédera aux tisanes et aux sirops.
Veuillez, Monsieur, présenter mes respects à Madame Grünberg et agréez l’expression de mes sentiments dévoués.