Paris 4 Décembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 3 Ct.
Il se produit un repos complet depuis les journées des 29 et 30 Novembre et 2 Ct. Les Bataillons de la Garde-Nationale mobilisés se complètent et s’équipent et on se dispose à reprendre l’offensive pour continuer à poursuivre le plan du Gal Trochu dont les premières attaques ont été si vaillement faites. La Bourgogne a été rudement éprouvée dans les trois jours de la Bataille sous Paris. Les chefs des Gardes-mobiles de la Côte-d’or ont mis un entrain tel dans l’action, qu’ils ont été, en grand nombre, victimes de leur héroisme. Des fils de famille à la tête desquels figure le comte de Grancey ont été tués ou blessés grièvement. Les braves Bourguignons ont déjà payé une large dette à la Patrie, vaincre ou mourir telle est leur devise. La semaine ne s’écoulera pas sans qu’il y ait une nouvelle lutte, où ? personne ne le sait.
Nous avons, depuis deux jours, des froids secs très rigoureux, il a gelé ce matin à 6° audessous de zéro. Cette température n’a pas ralenti l’adreur de nos jeunes troupes, à tous moments passent des Bataillons de Gardes-Nationaux mobilisés, on les prendrait pour de vieilles troupes à leur marche assurée et vaillante. Ils vont camper entre les remparts et les Forts jusqu’au moment où l’ordre leur sera donné d’aller plus loin. Ils sont acclamés avec cette sympathie si naturelle pour des enfants de Paris.
Recevez, Monsieur, mes salutations bien empressées.