Paris 29 Novembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 27 Ct et celle de ma femme du 28 Ct.
A une heure du matin, la nuit dernière, Les forts de Montrouge, de Vanves et
d’Issy, ainsi que la Redoute des Htes Bruyères ont commencé leurs feux pour
appuyer la formidable et sanglante action engagée sous les murs de Paris.
C’était un feu roulant effroyable de canonade et de feux de
mousqueterie qui vous mettait la mort dans l’ame en pensant aux nombreuses
victimes qui ont dû tomber pendant huit ou neuf heures de combat, puis trois
heures d’armistice ont été accordées pour enlever les blessés et enterrer les morts.
Nous avons été debout presque toute la nuit, et à 4 heures du matin le rappel
a battu dans nos quartiers.
Nous avons été convoqués sur la Place Vendôme où nous sommes restés l’arme au
pied jusqu’à 10 heures, puis renvoyés dans nos quartiers et consignés.
Rien ne s’est produit de nouveau pour nous dans le cours de la journée, et les
journaux du soir ne paraissant pas à l’heure habituelle, je remets à demain les
détails sur la bataille de ce matin.
Il transpire des bruits qui pourraient faire croire que l’opération énorme que
l’on devait exécuter aujourd’hui est ajournée, mais je vous donne cette
nouvelle du soir sous toutes réserves.
A demain donc, mon cher Monsieur, agréez, je vous prie l’expression de mes sentiments dévoués.