Paris 22 Novembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 21 Ct.
Les Pigeons porteurs de dépêches-poste commencent à arriver, j’ai donc bien l’espoir que nous serons favorisés de vos nouvelles sous peu de jours. Je vous l’avoue bien sincèrement, parmis les privations que le siège nous impose, celles qui nous sont le plus sensibles sont assurément la privation des nouvelles de nos parents et amis, et permettez-nous de vous placer dans cette seconde catégorie.
A partir du 30 Ct, nous allons être privés de Gaz dans les maisons, depuis quatre ou cinq jours déjà, les cafés en sont privés dès 7 heures du soir. Le Gaz ne restera que pour l’éclairage des rues et Boulevards très restreint déjà, et le surplus sera employé pour les Ballons. Quant à la question des subsistances, elle est encore assez rassurante pour longtemps.
On présente en ce moment les quittances d’Assurances contre l’incendie, mais on en ajourne d’autant mieux le paiement, que si les maisons doivent brûler par le feu des obus ennemis, les compagnies ne manqueront pas d’invoquer le cas de force majeure que les statuts n’acceptent pas.
Monsieur Louis continue à me remettre les sommes strictement nécessaires pour les gens de votre maison. Je l’ai vu aujourd’hui, sa santé est excellente.
Recevez, Monsieur, l’expression de mes sentiments dévoués.
P.S. Je crois vous avoir dit qu’Amant avait été rappelé dans son pays pour être enrôlé dans les cadres de l’armée, je l’avais remplacé par un nommé Georges qui vient d’être mobilisé dans les compagnies de guerre de la Garde-Nationale de Paris, et qui probablement sous peu de jours va être appelé à l’activité. J’arriverai de nouveau …