Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 21 Novembre /70

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 19 Ct et celle de ma femme du 20 Ct.

La nuit que j’ai passée aux remparts, dimanche, a été très agitée. Le Mont-Valérien a lancé ses plus gros obus sur la station de Sèvres où, à partir de minuit, il s’est produit plusieurs arrivages de convois venant de Versailles. Nous entendions très distinctement le bruit des trains roulant sur les rails. Il y a eu, en outre, divers engagements avec nos grands Gardes du côté de Chatillon, l’ennemi est très fort en surprise, mais nous veillons sanscesse et ses attaques sont toujours repoussées avec énergie. Le Fort d’Issy et la redoute des hautes bruyères a protégé nos mouvements et la retraite de l’ennemi s’est opérée. Ce n’est guère qu’à cinq heures du matin que les bruits de mousqueterie ont cessé et que le feu des canons s’est éteint. Mais, comme au Mont-Valérien, c’était la première fois que nos grosses pièces de marine parlaient, les vitres de notre poste en étaient ébranlées, il falait voir les dormeurs se réveiller en sursaut, ils croyaient que le bombardement commençait. Quant à moi qui ne peux dormir, placé à une fenêtre d’un premier étage, je voyais les feux des pièces, et j’entendais très distinctement les feux de mousqueterie. Rentré depuis midi, je suis passablement éreinté, aussi immédiatement après diner, dans le lit.

Rien de bien nouveau de la situation, on s’attend toujours à une expédition sérieuse sur laquelle rien ne transpire.

Recevez, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier