14 9bre 1870
Bien chère Madame,
Je viens remplacer mon mari aujourd’hui pour sa correspondance et je serais très heureuse de cette causerie, si je savais qu’elle parvienne?
Nous sommes toujours dans une attente cruelle ! L’armistice n’est cependant pas rejetée, mais rien ne se termine.
Hier, nous avons passé quelques bons instants avec Monsieur Rau ; nous avons diné ensemble bu à notre santé et notre soirée s’est terminée à l’Opéra où nous avons savouré le Miserere, l’Introduction de Guillaume Tell, le chant du départ de Méhul ; la soirée a été très jolie et nous avions beaucoup à remercier Monsieur Rau.
Le froid se fait sentir fortement, mais l’appartement se chauffe facilement.
J’avoue que je me plais beaucoup au milieu de ce confort, et sans faire de profits arrêtés, j’apporterai beaucoup d’amélioration dans mon appartement, si nous y retournons!
Je trouve que je ne me suis pas assez étendue sur la réception somptueuse de Monsieur votre frère ; un diner exquis : filet de bœuf, volaille rôtie ! Quel … asiatique!
Adieu, bien chère Madame, pardonnez le décousu de ma lettre, mais ces phrases sont réellement jetées au vent comme le ballon qui les emporte!
Je vous envoie ainsi, qu’à Monsieur Grünberg, l’expresion de ma profonde affection. Gaston embrasse tous les bébés.
Mille choses aimables à Mr et Mme Kunst.