Paris 13 Novembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 12 Ct.
Toujours même silence sur le résultat des négociations entamées.
Etant toujours sans nouvelle de nos parents et amis, l’administration des Postes vient d’avoir une ingénieuse idée pour nous faciliter des réponses par oui ou par non à des questions que nous adresserons dans nos lettres habituelles par Ballon monté. Au moyen d’une carte, qui coûte 5 centimes, et sur laquelle se trouvent 4 colonnes numérotées destinées à recevoir les oui ou les non et qui correspondent, par ordre de numéro, aux diverses questions que nous insérerons dans la lettre renfermant cette carte, le destinataire remettra cette carte à son Bureau Central des Postes qui est à Clermont-Ferrand, au moyen d’une carte sur laquelle il réunira par des caractères excessivement fins un certain nombre de ces réponses, les confiera à un pigeon qui reviendra au Bureau Central des postes à Paris. Là, le dépouillement se fera, et nous recevrons à domicile ces réponses brèves, il est vrai, mais qui nous feront prendre un peu patience en attendant les lettres qui sont interceptées par l’investissement. Demain, je suis de garde aux remparts et ma femme aura le plaisir de me remplacer en écrivant à Madame Grünberg.
Mardi, je m’informerai si ce mode de réponse par monosillabes se fait aussi pour l’étranger, et sur la réponse affirmative, je ferai un essai avec vous. La dépêche-réponse peut se faire aussi par des phrases dont chaque mot vous coûtera 50 centimes.
Nous dinons ce soir chez Mr Louis qui nous conduit à huit heures entendre un joli concert à l’opera au bénéfice de la malheureuse ville de Chateaudun. Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.
