Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 6 Novembre /70

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 5 Ct.

Le bruit court aujourd’hui que la question d’armistice n’est pas encore complètement vidée. Les puissances étrangères, malgré les prétentions impossibles de Mr de Bismarck, ne croiraient pas encore terminées toutes négociations. La Russie, sur laquelle on semble beaucoup compter en France, et avec juste raison, aurait pris l’initiative de vouloir continuer à négocier, jusqu’à ce qu’une réponse fût venue à St Pétersbourg. L’Armistice suivie d’une Paix honorable mettrait fin à bien des misères, il faudrait être ennemi de son pays pour ne pas désirer une pareille solution.

Depuis huit jours, nous avons une température qui varie entre 2 et 12 degrés, les nuits aux remparts commencent à être dures, d’autant plus que les feux de bivouac sont défendus aujourd’hui, à cause des poudrières qui se trouvent à chaque bastion.

Nous sommes allés nous promener, aujourd’hui, jusqu’au pont de Neuilly, mais on ne passe pas le pont. Les promeneurs sont nombreux dans l’avenue dont une grande partie des maisons est occupée par l’armée et la Garde-Mobile, le Gal Ducroc ayant son quartier général chez Gillet le Restaurateur de la Porte Maillot. A part 8 chevaux faisant partie de l’Etat Major et un Lieutt de Cavalerie habitant l’Entresol, notre Maison de la rue du Marché n’est pas occupée.

Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier