Paris 2 Novembre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 1er Novembre.
Aucune tentative nouvelle ne s’est faite sur l’Hôtel de Ville, et le Gouvernement vient de décréter un Plebiscite qui aura lieu dans la journée de demain, de 8 hre du matin à 6 hres du soir. Voici la question:
«La population de Paris maintient-elle, oui ou non, les pouvoirs du Gouvernement de la défense nationale?»
Nous sommes donc appelés dans nos mairies respectives, demain, 3 Ct pour voter. Toutes les Mairies de la Banlieue se trouvent dans Paris, le travail des Régistres va se faire dans la journée et la nuit, et sans carte d’électeur, on signera avant de voter.
On parle très sérieusement d’un armistice que Mr Tiers serait chargé de négocier en ce moment. Vous devez être au courant de cette nouvelle, et la Gazette des Absents que Monsieur Louis vous envoie, vous donnera de plus grands détails, que je ne puis le faire, sur tout ce qui se passe.
Chacun paie de se personne dans la limite de ce qu’il peut, mais franchement, jusqu’à présent, les compensations sont faibles. On ne peut se défendres d’impressions de découragement, quand on voit des gens, qui se disent patriotes, semer la discorde et la révolte et ranimer ainsi les espérances de l’ennemi. On ne peut certainement douter que la majorité des oui sera imposante dans le vote de demain, mais si les non atteignaient un chiffre d’une certaine valeur, ce serait à désespérer du bon sens de la nation française.
Veuillez, Monsieur, présenter mes hommages à Madame Grünberg, et agréez, je vous prie, mes salutations bien empressées.