Paris 26 8bre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 25 Ct.
Je vous parlais hier d’une aurore boréale que l’on avait vue dans la soirée du 24 Ct. Ce phénomène s’est reproduit hier soir d’une manière plus accentuée encore que la veille. Nous en avons admiré toutes les phases qui produisent des effets merveilleux de lumière blanche, verte et rouge. à un certain moment, le vert tirant un peu sur le bleu a représenté exactement les nuances nationales, de larges blancs et roses s’étant joint au premier. Vous pouvez croire que les natures superstitieuses sont vivement impressionnées par ce phénomène peu commun, dans nos régions surtout. Les imaginations vives interprètent ce signe des temps dans un sens tout-à-fait en harmonie avec les événements du moment. L’appréciation la plus triste est le présage du sang qu’il reste encore à verser pour arriver à notre délivrance.
Les Ballons se succedent presque de jours en jours, et les pigeons voyageurs signalent presque toujours un heureux atterissement. Nous soupirons après le jour qui nous favorisera de vos nouvelles à tous que nous espérons bonnes.
Dans le but d’aguérir la Garde-Natle sédentaire, des promenades militaires par Bataillon viennent d’être décidées, nous ferons des exercices dans la ligne qui s’étend entre les remparts et les Forts. Quand à la Garde-Natle mobilisée, au premier jour elle va être dirigée dans les avants postes.
Agréez, mon cher Monsieur, l’expression de mes sentiments dévoués.
