37me Journée du siège
Paris 24 8bre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 23 Ct.
Les canons des forts ont été muets hier, c’était Dimanche. Ce silence doit-il être attribué au mauvais temps, ou à l’usage qu’on les Français et probablement aussi les Prussiens de consacrer ce jour au repos.
Aujourd’hui ce silence a cessé, et au moment où je vous trace ces lignes, le Mont-Valérien fait des siennes, cinq coups de canon viennent probablement d’anéantir des travaux de l’ennemi qu’un moment de soleil indiscret vient de désigner à nos marins émérites.
L’affaire du 21 Ct nous a coûté environ 500 hommes tout tués que blessés ou disparus, sur environ 10,000 hommes qui ont pris part à l’action. On est autorisé à croire que l’ennemi a éprouvé des pertes plus considérables.
Les nouvelles reçues de Tours par le Gouvernement sont bonnes et rassurantes, seulement il est difficile de préciser le moment où une grande bataille apportera d’heureuses modifications dans la situation. Vous me trouvez peut-être bien optimiste, mais je puis vous assurer que la confiance est générale aujourd’hui, et que les feuilles pessimistes ne doivent pas faire de brillantes affaires, car elles sont l’organe d’une minorité de factieux que le sentiment du patriotisme n’étouffe pas.
Antonio va mieux, il avait été sérieusement pris, et je vous avoue que j’ai eu peur un moment qu’il ne s’en relève pas. Il respire plus librement, et ses traits altérés reprennent leur physionomie habituelle.
Agréez, Monsieur, mes civilités empressées.
Le Gouvernement ayant fait paraître un ordre pour la réquisition des fourages, je me suis précautionné de quantités suffisantes pour les assurer à Latis jusqu’à la fin de l’année. Dame, Bêtes et gens doivent se rationner aujourd’hui.