Paris 19 8bre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 18 Ct.
Ayant appris que 3 Boucheries de Vincennes délivraient de la viande, nous nous y sommes rendus ce matin à l’ouverture des Ponts-levi et après une heure et demie de pose, nous avons obtenu 3 ou 4 kilog. de belle viande de bœuf en la payant le double du prix de Paris, la taxe n’étant pas imposée dans les communes suburbaines. Vous voyez par là que la circulation est libre entre Paris et les Forts. Cette latitude a été donnée depuis que les ouvrages de défense sont terminés, et que par quelques sorties on a reculé l’ennemi. Rien ne peut donner une idée de tous les moyens employés pour entraver l’ennemi en supposant qu’il dépasse la ligne des Forts.
Des Ballons s’enlèvent maintenant régulièrement tous les deux jours, et le retour des pigeons voyageurs nous annonce que généralement l’attérissement s’effectue d’une manière heureuse. Mais si nos lettres partent, les vôtres ne nous arrivent pas, pas plus de l’étranger que de la Province ; Votre dernière est du 13 7bre. Le Gouvernement cependant a des moyens qui lui permettent d’être au courant de ce qui se passe en Province, et les nouvelles sont de plus en plus encourageantes.
Le soleil brille aujourd’hui, et l’on entend depuis une demi-heure le canon gronder. Nous commençons à nous y habituer, sachant que ce sont des reconnaissances que l’on appuie, ou des ouvrages de l’ennemi que l’on détruit.
Recevez, Monsieur, nos compliments empressés pour vous et Madame Grünberg.