Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 16 8bre /70

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 15 Ct.

L’événement émotionnant de la journée est la cérémonie des funérailles à la Madeleine, du Comte de Dampierre chef de Bataillon de la Mobile de l’Aube, tué jeudi dernier à Bagneux, en montrant à ses soldats le chemin de l’honneur. Le Gal Vinoise (?) qui avait dirigé l’action et notre Gouverneur le Gal Trochu y assistaient. Le Comte agé de 33 ans était un des plus riches Industriels du département de l’Aube, il est mort le sourir sur les lèvres, heureux a-t-il dit, d’aller rejoindre sa jeune femme qu’il avait perdue il y a 3 ans.

40,000 hommes de la Garde-Nationale vont être mobilisés pour faire des sorties, pour arriver à ce chiffre il faut que chaque Bataillon fournisse 150 hommes.

Les volontaires dépassent ce chiffre, on choisira naturellement les plus jeunes et les mieux portants, ils seront incorporés militairement.

On parle d’avantages remportés par l’armée de la Loire qui commencerait à inquiéter les derrières de l’armée ennemie.

Antonio est assez souffrant depuis 3 jours, j’ai fait venir le docteur Tournier qui a ordonné un vessicatoire que nous lui poserons ce soir. Il s’agit de dégager un poumon légèrement engorgé. Vous connaissez l’homme, j’ai été obligé de me facher un peu pour arriver à le soulager, le docteur pense que dans 3 ou 4 jours nous serons maîtres de l’affection.

Les difficultés sont si grandes pour avoir de la viande, les boucheries municipales n’étant pas encore organisées, que nous nous sommes décidés ce matin à manger un beaftech de cheval, il était naturellement très mangeable: nous essaierons demain un cheval à la mode. Adieu, mon cher Monsieur, nous vous présentons nos compliments empressés.

Louis Guillier