Paris 15 8bre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 13 Ct et celle de ma femme du 14 Ct.
J’étais de service hier à Vincennes, pour un tir à la cible. Nous avons tiré à 150 mètres et à trois cents mètres, et chose curieuse le tir à 300 mètres a été meilleur qu’à 150. Le développement plus grand de la trajectoire doit en être la raison, et la première fois il sera facile de rectifier le tir en prenant un peu moins de guidon pour la distance de 150 mètres.
Clara a dû vous dire que la sortie du 13 Ct avait été faite pour apprécier la force des troupes ennemies concentrées sur Chatillon, le village de Bagneux a été le point de l’action, les mobiles de la Côte d’or et de l’Aube ont eu les hommes de la journée, et la retraite s’est opérée en bon ordre, la reconnaissance ayant atteint le but que l’on se proposait.
Le Chateau de St Cloud était encombré de vivres et de munitions, on a dû chercher à anéantir ces ressources de l’ennemi et le Mont Valérien s’est chargé de la besogne. Le Chateau ne présente plus que des ruines fumantes, et l’on dit que le Roi Guillaume se serait ému d’une pareille décision, il doit s’apercevoir que la défense ne recule devant aucun sacrifice.
Confiants dans l’énergie de la défense et l’arrivée, d’ici peu de jours, des légions innombrables qui marchent sur Paris, nous attendons avec résignation l’heure de la délivrance.
Recevez, cher Monsieur, l’expressoin de mes sentiments dévoués.
Le service des Ballons va se régulariser, tous les deux jours nos lettres partiront. Nous sommes bien impatients de recevoir de vos nouvelles, vous vous serez sans doute rendu à notre désir et nous espérons qu’un de ces matins nous aurons le plaisir de vous lire.
Mr Louis Rau m’a remis le montant de votre loyer et vos contributions sont payées pour l’année complète. Antonio et Louise se rappèlent à votre souvenir.