Paris 12 8bre 1870
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 10 Ct et celle de ma femme du 11 Ct, ayant été sous les armes toute cette journée, et ayant bien recommandé à Clara de me remplacer, afin qu’il ne se produise aucune lacune dans l’envoi des nouvelles de chaque jour. Les manifestations que l’on craignait, toujours la commune, n’ont pas eu lieu, et après avoir campé toute la journée du 11, sur la Place Vendôme, Le Gal Tamisier nous a passés en revue, et nous avons terminé la séance par des exercices, marches et contre-marches, c’est raide pour un soldat d’hier.
Rien de nouveau à vous signaler dans la situation, de une heure à trois heures, cependant, une vive cannonade s’est fait entendre dans la direction de Meudon, il est possible que quelques engagements aient eu lieu, nous le saurons ce soir ou demain matin.
Le Timbre étant aboli, les journaux ont baissé généralement de 5 centimes, mais comme l’on craint que le papier manque, plusieurs ne donnent qu’une simple feuille.
Toujours de grandes difficultés pour avoir de la viande, on fait queue aux Boucheries dès 3 hres du matin, mais les Boucheries municipales, qui vont ouvrir, faciliteront les achats par des bulletins nominatifs, seulement on sera rationné à 100 grammes par jour par personne, on n’en mourra pas.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.
Les Tuileries, le Palais Royal, le Ministère de la Marine, le Grand Hôtel et une infinité d’Immeubles spacieux sont convertis en ambulance, tous les théatres sont fermés depuis 3 semaines et les becs de Gaz dans Prais sont réduits de moitié, à cela près, Paris est toujours le même, mais à dix heures et demie tous les établissements fermant, à 11 heures tout le monde est couché, et l’on veille aux remparts.