Paris 13 Octobre 1870
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 12 Ct.
A en croire certains bruits de source non officielle, c’était aujourd’hui que le bombardement devait commencer, et on a été tout étonné ce matin de ne pas voir tomber quelques obus sur sa maison ou dans sa cour, décidément ce siège est d’une monotonie désespérante. Il est vrai que, chaque jour, nos forts se permettent de détruire les ouvrages qu’ils se sont morfondus à élever la nuit, et que quelques sorties heureuses les ont délogés et repoussés un peu plus loin, c’est ainsi que nous occupons aujourd’hui le village de Bondy où ils avaient faits des préparatifs d’installation. Une vingtaine de Fourgons chargés de légumes et de victuailles ont été amenés en face du Palais Municipal (Hôtel de Ville). Dans la même journée, du côté de la Route d’Orléans, on leur a aussi saisi un millier de boeufs. Nous aurions mauvaise grâce à leur en vouloir d’avoir l’obligeance de ravitailler Paris.
Les petites dissentions intérieures sont complètement calmées, l’énorme majorité des patriotes a protesté éngergiquement contre les exigences intempestives d’une minorité infime de factieux, et a prouvé, par son attitude, qu’elle avait pleine et entière confiance dans le Gouvernement de la défense.
Veuillez agréer, Monsieur, présenter mes compliments empressés à Madame Grünberg, et agréez, je vous prie, l’expression de mes sentiments dévoués.
P.S. Latis et Bibi vont bien et s’aperçoivent bien moins que nous des privations que nous impose l’état d’investissement dans lequel nous nous trouvons momentanément.