Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 9 8bre 1870

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 8 Ct.

Une bonne mesure vient d’être prise par le Gouvernement de la défense Nationale, malgré l’approvisionnement énorme fait pour 2 mois au moins, un recensement se fait en ce moment pour rationer la viande à livrer à chaque ménage. Des Boucheries municipales s’organisent qui seront, tous les trois jours, pourvues de manière à livrer à chaque personne 375 grammes de viande, ce qui fait, pour chaque personne, 125 grammes de viande par jour. Cette ration est suffisante pour attendre des jours meilleurs qui, nous en avons la ferme confiance, ne sont pas très éloignés de nous. Comme les journaux, je suis obligé de m’imposer une grande réserve dans tout ce qui touche à la défense nationale, mais de jours en jours les communications du Gouvernement sont de plus en plus rassurantes, elles reposent sur des faits certains, et les détails que nous connaissons sur l’organisation des forces en Province, ne nous laissent plus aucun doute sur la solution du siège de Paris.

Vous vous rappelez sans-doute les Statues en Pierre qui font l’ornement de la Place de la Concorde et qui représentent nos principales villes de France. Celle qui représente la ville de Strasbourg est depuis un mois et demi l’objet d’un culte tout particulier, elle est couverte de drapeaux et de couronnes immortelles. Il y a en ce moment 239 bataillons de Garde-Nationale Parisienne nouvellement formés qui tous sont venus rendre hommage à cette ville héroïque. Le Gouvernement de la défense nationale vient de décreter que le bronze remplacerait la pierre et que des inscriptions en lettres d’or rappelleraient aux générations à venir la défense héroïque du grave Général Ulric.

Je vous présente, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier

P.S. J’ai [illisible]