Paris Dimanche 2 8bre /70
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 1er 8bre.
Nous venons de faire une promenade à Neuilly. Vous ne sauriez vous imaginer l’aspect du Bois de Boulogne à porte Maillot, c’est navrant, mais la défense est formidable comme à toutes les portes dureste. Notre appartement n’a nullement souffert du paysage des troupes, la maison n’a pas été occupée, il n’est est pas de même de toutes les maisons de l’avenue dans lesquelles les caves ont été vidées et un peu pillées par les gardes-mobiles qui y ont séjourné plusieurs jours. Le Gal Trochu a fait paraître une proclamation très sévère pour empêcher à l’avenir de pareilles déprédations, mais malheureusement le mal était déjà fait, et bien des personnes ont en souffert.
Rien de nouveau à vous signaler, nous aimons à penser que toutes les personnes qui vous intéressent sont en bonne santé, quant à nous nous allons tous bien, et nous commençons à nous habituer à cette existence belliqueuse.
J’ai fait ce matin de 6 hres à 9, l’exercice sur la place de la Concorde et dans l’avenue des Champs Elisée, maniement du fusil, marches et contremarches, c’est éreintant, ça vaut une garde.
Au revoir, cher Monsieur, agréez, je vous prie, l’expression de mes sentiments dévoués.
Tout Paris est dehors, on se porte beaucoup aux ponts-levi, et à voir cette animation de curiosité et je dirai même cette gaieté peinte sur les visages, on ne se douterait pas que Paris est assiégé. C’est qu’il faut bien dire aussi que plus nous allons, plus nous avons de confiance dans notre force