Paris 10 7bre 1870
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme ma lettre du 9 Ct.
Ma femme est allée ce matin à Croissy pour en rapporter les choses les plus précieuses, non pas que je craigne le pillage de l’ennemi, mais bien celui des quelques mauvais sujets qui y resteront. Louise l’a accompagnée avec toutes les clés. Mme Eymond dureste a commencé d’aujourd’hui le déménagement des meubles qui lui appartiennent.
Vous avez reçu deux fois déjà des billets de garde et comme j’ai répondu au second billet que vous n’étiez pas encore revenu d’Egypte, votre Capitaine était disposé à faire enlever le fusil qui vous a été confié, lorsque je l’ai prié de le laisser, et à partir de ce jour, je faits partie de la Garde-Nationale, 3eme Compagnie 1ere Légion, pour le maintien de l’ordre dans notre quartier, et la défense du foyer contre l’invasion. Quoique j’aye dépassé la limite d’age, tout citoyen se doit à sa patrie, et aujourd’hui plus que jamais tout homme valide doit payer de sa personne. Vous ne pouvez vous imaginer la transformation de Paris, et l’accroissement spontané de la Garde-Nationale, l’habit civil est en minorité aujourd’hui, et les uniformes de toutes armes passent et repassent sans-cesse dans cette rue Royale si brillantes d’équipages autrefois. Il y a une attente fiévreuse, beaucoup d’animation, mais l’ordre règne cependant au milieu de tout ce brouhaha. Adieu, Monsieur, recevez l’assurance de mes sentiments bien dévoués.
Ma femme n’étant pas de retour, ne pourra écrire aujourd’hui à Madame Grünberg. Vous allez avoir sans-doute 3 Mobiles à loger, d’accord avec Mr Louis Rau, je vais les installer dans la chambre de bonnes du cinquième étage.-
A tout instant il arrive des troupes dans Paris. La défense à Neuilly prend des proportions colossales.