Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 9 7bre 1870

Monsieur A. Grünberg, Munich

Une indisposition aussi grâve d’entrailles et nos déménagements de Neuilly dont on rase les maisons de la zone militaire, comme étant un point stratégique très important pour la défense, m’ont empêché de vous écrire depuis le 5 Ct date de ma dernière lettre. Nous sommes installés rue Royale depuis hier soir, il était temps car Neuilly depuis 3 jours est transformé en un véritable camp. Les débris de l’armée, qui ne se sont pas rendus, rentrent tous les jours dans Paris, joignez à cela 100,000 Gardes-mobiles qui arrivent de la Province et vous pourrez vous rendre compte de l’aspect que présente la ville qui porte le nom de la Capitale du Monde civilisé. On signale l’ennemi marchant toujours sur Paris, on dit que dans trois jours il sera sous nos murs. Comme maintenant je vous écrirai régulièrement chaque jour, l’interruption de leur réception vous annoncera que les communications sont interrompues et que la Poste ne fait plus son service.

J’ai reçu cet après-midi un petit mot de Madame Grünberg qui m’a fait bien plaisir, j’aime à penser que votre indisposition sera de courte durée. Veuillez, Monsieur, sinon tous les jours, dumoins tous les deux ou trois jours, me favoriser de vos nouvelles, cela fera diversion à la belliqueuse et fiévreuse existence que nous menons maintenant. En attendant la voix brutale du canon, il ne se passe pas dix minutes que tambours ou trompettes ne signalent le passage d’hommes armés.

Ma belle-mère venant nous rejoindre ce soir, ma femme est allée à Neuilly l’aider dans son déménagement, demain elle se fera un véritable plaisir d’écrire à Madame Grünberg. Recevez, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier

P.S. La Bourse s’est assez bien tenue aujourd’hui.-

Ma lettre de demain vous donnera quelques détails sur ce que j’ai fait faire à Croissy, il reste environ 40 personnes à Chatou et 20 à Croissy.

Inclus la petite clef demandée par Madame Grünberg.- Elle n’a pas de velours noir il est vrai, mais je n’en trouve pas d’autre.