Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 5 7bre 1870

Monsieur A. Grünberg, Munich

Je vous confirme, Monsieur, toutes mes lettres successives datées du 30 Août écoulé. Je ne vous ai pas écrit hier dimanche 4 Ct, journée à jamais célèbre pour la manière dont s’est opérée la déchéance de l’Empire et la proclamation de la République.

Vous savez, sans doute, beaucoup plustot que nous, les nouvelles du théatre de la Guerre, les dernières que vous avons apprises le 3 Ct dans la soirée, ont déterminé les actes de la journée du 3. J’ai pleuré comme un enfant en voyant l’héroisme de notre brave armée de briser dans une place forte où ne se trouvait plus un canon pour protéger sa retraite, toujours accablés par le nombre, les derniers débris du corps d’armée de Mac-Mahon en ont été réduits à capituler, et Dieu a voulu que ce moderne Bayard n’en eut pas la honte, mutilé par une bombe, c’est le Gal Wimfen qui a été forcé d’en arriver à cette dure extrémité, pour sauver un reste de brâves…….. On dit le corps d’armée de Bazeine bloqué sous les murs de Metz, et l’ennemi poursuivait sa marche sur Paris, nous l’attendons la rage dans le cœur, nous sommes prêts à tout subir, mais à nous rendre, jamais……..

Paris est aussi calme, à part de bruyantes manifestations dans la soirée d’hier, on ne se douterait pas que le gouvernement vient d’être changé. Je vous présente, Monsieur, mes salutations bien empressées.

Louis Guillier

P.S. La rente est à 54 ct.-