Paris 7 Mars /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 6 Ct.
A partir d’aujourd’hui, tous les forts de la rive gauche de la Seine, dont fait partie le Mont-Valérien, sont évacués par l’ennemi. Ceux de la rive droite ne tarderont pas à l’être.
Aucune tentative n’a été faite encore par la Gouvernement pour désarmer la Butte Montmartre où se trouvent 35 canons, 21 mitrailleuses et 4 mortiers. Les Bellevillois sont toujours là l’arme au bras en défendant l’approche. On s’étonne de cette tolérance, mais on suppose que l’ordre du désarmement général de la Garde-Nationale devant être affiché au premier jour, on saisira cette circonstance pour obtenir par la force ce que la raison ne déterminerait pas à rendre.
L’Assemblée Nationale va se transporter de Bordeaux à Versailles, elle s’installera dans le théatre du Palais à dater du 15 Ct.
Tous les Bataillons des Gardes-Mobiles des départements évacuent Paris depuis deux jours, quant à ceux de Paris ils sont licenciés.
La Bourse est peu fréquentée, il n’y a pas de reprise dans les affaires. Cette atonie a sa raison d’être dans l’incertitude où nous sommes encore des sacrifices que nous devons faire en argent et des plans financiers du nouveau Ministre des finances Mr Pouyer quartier le Rouennais.
J’attends avec une vive impatience la lettre que vous m’avez promise.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.