Paris 5 Mars /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre du 4 Ct.
Nous avons dirigé notre promenade aujourd’hui du côté de St Cloud. Rien ne peut vous donner une idée de la dévastation de cette localité, tout est en ruine et le chateau n’a plus que les murs. Les Prussiens, qui y sont encore, doivent l’évacuer sous peu de jours ainsi que Versailles.
Paris, qui ne demande qu’à renaître, se trouve sous l’empire de préocupations qui entravent son élan. On a beaucoup laissé faire aux Bellevillois, ils ont formé à Mont-Martre un espèce de camp retranché où ils ont disposé plusieurs pièces de canon et mitrailleuses. Des Bataillons exaltés de la Garde-Nationale s’y sont massés, l’entrée des Prussiens dans Paris avait presqu’excusé ce zêle patriotique, quoique la place occupée si militairement fut dans un tout autre quartier que celui où ils ont eu le droit de circuler pendant 48 heures, mais aujourd’hui qu’ils ont évacué l’intérieur de la ville, la continuation de ces démonstrations est de nature à inspirer des vives inquiétudes, d’autant plus que, chaque nuit, des tentatives sont faites, par eux, pour délivrer des prisonniers ou s’emparer de munitions de guerre. On redoute le moment où le gouvernement devra sévir avec rigueur pour faire tout rentrer dans l’ordre.
Messrs Perier fres ne m’ayant rien fait savoir Samedi, demain Lundi je me présenterai à leur caisse pour les fs 3,000. avisés par Mr Kunst.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations bien empressées.