Paris 27 Février /71
Monsieur A. Grünberg, Munich
Je vous confirme, Monsieur, ma lettre des 24, 25 et 26 Ct.
Cette nuit à 3 heures, nous avons été réveillés par le passage de troupes sous nos fenêtres, notre première pensée a été que c’était les Prussiens, mais notre erreur n’a pas été de longue durée, dans la prévision que l’ennemi ferait son entrée à Paris au jour, plusieurs bataillons de Gardes-nationaux en armes se portaient à sa rencontre dans des dispositions de réception qui étaient loin d’être acceuillantes. Il y avait de huit à dix mille hommes appartenant, comme toujours, aux quartiers de Belleville, Ménilmontant, La Chapelle et Charenton. Ils en ont été pour leurs frais, car un avis du Gouvernement a appris ce matin à la population que l’entrée aurait lieu Mercredi, 1er Mars à 10 hres du Matin. Puissions-nous sortir de cette dernière épreuve sans collision, car les conséquences d’une résistance devenue aujourd’hui impossible nous seraient fatales. Ce n’est pas sans une vive appréhension que nous attendons cette triste et facheuse échéance. Les Prussiens n’occuperont que la portion de Paris qui se trouve, à partir du Point du jour, circonscrite par la rive droite de la Seine, l’enceinte des fortifications, l’avenue des Ternes et le faubourg St Honoré. La place de la Concorde sera la limite.
Veuillez, Monsieur, présenter mes compliments à Madame Grünberg, ainsi qu’à Monsieur Louis, et agréez, je vous prie, l’expression de mes sentiments dévoués.