Nouvelles de Paris

Une collection de lettres de 1870-1871 envoyées depuis Paris au cours du siège par les Prussiens, puis de la Commune.

Personnes impliquées dans les lettres Notes techniques liées à la transcription
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Paris 23 Février 1871

Monsieur A. Grünberg, Munich

J’ai reçu ce matin votre bonne lettre du 17 Ct, je vous remercie, Monsieur de tout ce qu’elle renferme de sympathique pour les privations et les épreuves qui nous ont été imposées durant ce long siège de souffrances.

A partir de ce jour, je reprends, suivant votre désir, la correspondance quotidienne.

Avant tout, voici la Note des Acceptations en souffrance :

  • Fs 8,000.„„ Tte T. Abermann, % W. Fr Jaeger, au 30 juin 1870.
    Cette traite, présentée par la Banque, n’a pas été payée à l’échéance, parce qu’elle n’avait pas été acceptée.
  • „  3,000.„„ Tte Arnold Grünberg, % Martin Nierenstein, au 13 7bre /70.
    présentée par Bischoffsheim.
  • „  5,000.„„ Tte Arnold Grünberg, % Martin Nierenstein, au 13 7bre /70.
    présentée par la Banque.
  • „  5,000.„„ Tte Arnold Grünberg, % M. H. Weikersheim, au 14 7bre /70.
    présentée par la Banque.
  • „  7,000.„„ Tte Arnold Grünberg, % Martin Nierenstein, au 14 7bre /70.
    présentée par la Banque.
  • „  6,000.„„ Tte C. Abermann, % W. Fr Jaeger, au 15 8bre 1870.
    présentée par la Banque.

Mr Louis m’a demandé, ce matin, les fiches des fs 20,000. de Mr Arnold et des fs 6,000. de Jaeger, toutes traites acceptées, pour les payer. La Tte de fs 8,000. non acceptée restera en souffrance.

Les effets en portefeuille qui n’ont pas été encaissés pour motif d’absence des souscriptions sont les suivants :

  • Fs 1,000.„„ souscrits par Maurice Schindler, au 30 7bre 1870.
  • „  6,500.„„    d°.   „   Jacques Schwabacher, au 20 Janvier 1871.
  • „  8,000.„„    d°.   „      d°.       d°.      „ 20    d°.    d°.

Mr Maurice Schindler est dit-on à Bruxelles et Mr Jacques Schwabacher à Londres.

J’écris, ce jour, à notre propriétaire de St Aubin-sur-Mer, savoir si Mr Blumenthal qui se trouvait au mois de septembre dans notre maison y est encore. Dèsque je connaitrai son adresse je vous la donnerai. J’irai voir demain Messrs Emile Vanderheym et Servant.

Nous sortons à peine de notre léthargie c’est vous dire que les affaires sont nulles, surtout celles de la nature que vous traitez. La Bourse seule monte en prévision de la paix. L’armistice est prorogé au 26 Ct à minuit. On se préocupe beaucoup de l’entrée des troupes ennemies dans Paris, Mr de Bismarck aurait dit-on cédé, mais Le Roi Guillaume maintient ses prétentions. Il est bien entendu que c’est en cas de paix, car la suite des hostilités nous amènerait, sans résistance aujourd’hui, l’occupation. Tout cela occupe l’opinion publique et on n’attend pas sans crainte cette triste échéance.

J’ai reçu, il y a deux jours, des Messageries Impériales de Marseille, une lettre datée du 16 7bre /70 renfermant un Bon de fs 400. sur la Poste, envoi de Mme Ismalun, pour le Tableau qu’elle avait commandé, et qui est tout emballé prêt à partir. Ce Bon étant périmé, l’administration des Postes m’en a remis un reçu et je dois attendre l’avis pour l’encaisser. Quant au Portrait, il attendra le moment des expéditions qui sont loin d’avoir repris leur cours. J’ai reçu aussi avis de la même date d’une expédition de café par Mr Tilche du Caire.

Nous espérons bien que Madame Grünberg reprendra promptement ses forces et que nous aurons le plaisir de la voir aux beaux jours revenir à Croissy, dont la maison de Mme Eymond n’a nullement souffert de l’occupation ennemie. Son isolement l’a sauvée, mais toutes les propriétés qui longeaient la Seine sont affreusement pillées et dévastées. Alexandre est retourné à Croissy depuis le 5 Ct, et il fait le nécessaire pour que vous trouviez un potager en bon état.

Veuillez, Monsieur, présenter nos compliments empressés à Madame Grünberg et agréez, je vous prie, l’expression de mes sentiments dévoués.

Louis Guillier

P.S. Je ne crois pas vous avoir dit que Mr Baugrand de la rue de la Paix s’était suicidé dans les derniers jours de Décembre. L’isolement dans lequel il se trouvait et surtout l’absence de nouvelles de tous les siens l’ont poussé à cet acte de désespoir.

Monsieur Louis va très bien il parle de son départ pour Munich pour Samedi ou Dimanche.